« En Mai, fait ce qu’il te plaît » : si on osait la décroissance ?
La quête incessante de croissance économique a toujours été au cœur des modèles économiques dominants. Cependant, cette course à la consommation, uniquement freinée par les contraintes financières individuelles, engendre des impacts négatifs tant sur l’environnement que sur le plan social. Au bout du compte, nous sommes confrontés à une exploitation inlassable des ressources naturelles et à une précarité généralisée. Serait-il envisageable de prendre le risque de la décroissance dans les pays dits « riches » afin d’améliorer notre impact global ?
La décroissance économique est une pensée mal connue, mal comprise, et beaucoup confondent décroissance et croissance négative. Il est donc bon de « remettre à plat » les bases de cette philosophie, qui gagne de plus en plus d’adeptes.
Le concept prône donc une réduction volontaire et maîtrisée de la production et de la consommation, et ses défenseurs soutiennent que la croissance infinie dans un monde fini est tout simplement irréaliste, et qu’il est essentiel de repenser notre modèle économique pour assurer la durabilité de notre planète et le bien-être collectif. En ressortent des mouvements et slogan comme le très connu « There is no Planet B » ou « Planet over profit ».
Décroissance et environnement
D’un point de vue environnemental, la décroissance pourrait entraîner des avantages significatifs. En réduisant la production de biens superflus et la consommation effrénée, nous pourrions considérablement réduire notre empreinte écologique.
Selon l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), une décroissance maîtrisée permettrait de diminuer de manière significative les émissions de gaz à effet de serre, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique. En encourageant des pratiques de production et de consommation durables, la décroissance pourrait également favoriser le développement des énergies renouvelables et l’adoption de modes de vie respectueux de l’environnement, grâce au besoin moindre de production, la grande faiblesse des énergie verte étant aujourd’hui le volume produit par surface (1 kWh/m² pour l’éolien face à 2kWh/m² pour le nucléaire et 3kWh/m² pour le gaz) (Source)
Décroissance et social
Du point de vue social, la décroissance pourrait également avoir des retombées positives. Le Centre de recherche et d’information pour le développement (CRID) souligne que la décroissance peut contribuer à la réduction des inégalités sociales en favorisant une meilleure redistribution des richesses et en encourageant des formes d’organisation économique plus coopératives et solidaires. Elle pourrait stimuler la création d’emplois locaux et durables, en mettant l’accent sur des secteurs tels que les énergies renouvelables, l’agriculture biologique et l’économie circulaire.
Cependant, il est primordial de reconnaître que la transition vers la décroissance ne peut se faire sans une approche juste et inclusive. L’IREC met en évidence la nécessité de mettre en place des mesures de protection sociale et de formation professionnelle pour garantir une transition équitable et soutenir les individus et les communautés affectés par les changements économiques : les ignorer pourrait provoquer une grande précarité qui ne serait pas cohérente avec le principe de justice de la décroissance.
Décroissance : la transition juste
Il est crucial de s’assurer que personne ne soit laissé pour compte dans cette transition vers un modèle économique plus soutenable.
La décroissance économique pourrait avoir un impact positif tant sur l’environnement que sur le plan social. En favorisant la redistribution des richesses, la création d’emplois locaux et durables, ainsi que la satisfaction des besoins essentiels de tous, la décroissance pourrait contribuer à la construction d’une société plus équitable et résiliente.
Cependant, il est essentiel de reconnaître que la transition vers la décroissance ne peut se faire sans une approche juste et inclusive. Il est impératif de prendre en compte les conséquences sociales de cette transition et de mettre en place des mesures d’accompagnement pour soutenir les individus et les communautés affectés par les changements économiques, notamment les pays en voie de développement qui sont les « usines de la planète ». Une transition juste implique la création d’emplois durables, la protection des droits des travailleurs et la garantie d’un filet de sécurité sociale solide pour ceux qui en ont besoin.
Pour conclure
En fin de compte, la décroissance économique offre une alternative prometteuse pour réorienter notre société vers un avenir plus durable. Elle remet en question les paradigmes économiques dominants et propose une vision où la qualité de vie et le respect de l’environnement priment sur la croissance matérielle incessante.
Pour réaliser cette transition, il est nécessaire d’engager un dialogue ouvert et inclusif, de repenser nos politiques économiques et de prendre des mesures courageuses pour façonner un avenir où la prospérité est mesurée par des critères plus holistiques que la seule croissance économique.
Il est tout de même important de souligner que la décroissance économique ne signifie pas la privation ou le sacrifice, mais plutôt un changement de paradigme vers une économie plus juste, durable et centrée sur le bien-être des individus et de la planète.
En tenant compte à la fois des enjeux environnementaux et sociaux, nous pourrions ouvrir la voie à une transformation positive de nos modèles économiques et de nos sociétés. Si nous osions décroître de manière réfléchie et équitable, nous pourrions forger un avenir plus équilibré et harmonieux pour les générations actuelles et futures.