Pluie de février, emplit les greniers : état des lieux de l’agriculture française en 2023
Alors qu’un débat houleux se déroule à propos de l’usage des néonicotinoïdes dans la culture de betteraves en France, observons à quoi ressemble l’agriculture moderne : nouvelles pratiques, nouveaux enjeux, nouveaux idéaux.
Agriculture intensive, raisonnée, biologique, responsable, durable… Autant de mots qui décrivent autant d’agricultures différentes, voire parfois des idéologies. Comment la France se nourrit-elle ? Comment peut-on concilier le besoin primaire de l’alimentation avec les valeurs modernes ? Étudions notre situation.
L’agriculture française à la tête de l’Union européenne
Loin devant nos voisins allemands et italiens, l’agriculture française domine l’agroalimentaire européen : en 2021, la production agricole française représentait 81,6 milliards d’euros, soit 17% de la production du vieux continent. Pourtant, ce chiffre a deux faces : la France importe environ 63 milliards d’euros de denrées alimentaires, composées notamment de la moitié des viandes ovines ou des poulets, 28% des légumes et surtout, chiffre exorbitant, 71% des fruits consommés.
La balance commerciale est en équilibre fragile : encore excédentaire de 8 milliards d’euros en 2021, année « record » alors jamais atteint depuis 2000, celle ci a plutôt une tendance décroissante, ayant chuté à 5,3 milliards d’euros en 2020.
Compenser par le rendement : OGM, pesticides, technologie
Il faut admettre que cet aspect est actuellement plutôt positif :
– du côté des pesticides (herbicides, insecticides, fongicides), l’utilisation dans l’agriculture semble avoir très fortement diminué sur la période 2000-2020. Alors que le ministère de l’agriculture rapportait 51 627 tonnes de pesticides vendus (dans le cadre de l’agriculture commerciale non biologique) en 2009, « seuls » 44 036 tonnes de ces derniers ont été vendu pour le même but en 2020, soit environ 15% de baisse en dix ans.
La principale raison de cette baisse est l’augmentation de la part de l’agriculture biologique, passant de 1,40% des surfaces agricoles en 2001 à 9,5% en 2021, évoluant assez rapidement chaque année (+-10% par an). La tendance est notamment poussée par l’évolution des consommateurs : le marché du bio représentait 13 milliards d’euros en 2020, contre 1,5 milliard d’euros en 2005. Les produits phytopharmaceutiques utilisables dans l’agriculture biologique ont bondi de 8 833 tonnes en 2009 à 24 896 tonnes en 2020, soit pratiquement le triple.
Côté rendements, après un bond impressionnant tout au long du XXème siècle (grâce aux avancées chimiques et mécaniques notamment), ceux-ci sont actuellement plutôt stables depuis 2000, avec des variations parfois extrêmes selon les années mais toujours dans une même moyenne
Pour augmenter le rendement, la technologie tend à s’immiscer de plus en plus dans le monde agricole : l’AgTech. En optimisant les structures de production lorsque c’est possible, ou en utilisant de nouveaux instruments pour l’agriculture plein champ, le secteur pourrait permettre à la fois de diminuer la quantité de pesticides utilisée tout en augmentant les rendements, et même la quantité de ressources nécessaires à la production.
Côté plein champ, se développent depuis quelques années des prototypes de drones capables de détecter une portion spécifique de champ malade ou infesté, permettant de limiter le traitement à des endroits spécifiques. Des outils existent déjà également pour permettre de surveiller en temps réel l’état d’hydratation des champs, l’ensoleillement, la température pour adapter le soin à apporter au quotidien. Mais ces technologies ne sont pour le moment pas la norme, au mieux des exceptions chez les agriculteurs les plus technophiles.
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Sources : Senat.fr, INSEE, Agriculture-gouv, Agencebio.org