Gaz russe, gaz de schiste, ou énergies renouvelables ?
C’est peu de dire que la guerre en Ukraine a bouleversé l’environnement énergétique.
Premier effet positif : entre 2021 et 2022, la consommation de gaz a baissé de 6,2 %, selon Thierry Trouvé, PDG de GRT Gaz. Le civisme des Français a été réel, et les prix plus élevés ont aussi joué leur rôle d’épouvantail.
Mais un autre effet, potentiellement plus négatif, et a été pointé, dans un dossier publié par les Amis de la Terre. C’est que l’Europe, qui a voulu se détourner du gaz russe, a privilégié le gaz naturel liquéfié (GNL), avec, dans la panique, la signature de nombreux contrats d’importations, de longue durée.
Les résultats ont rapidement confirmé cette volonté : d’un côté, les importations de gaz russe par gazoduc ont diminué depuis le début de la guerre (-74 % au 3e trimestre 2022 par rapport au 3e trimestre 2021). Elles ne représentent plus que 11 % des importations de gaz européennes, contre 40 % à la même période en 2021. D’un autre côté, de janvier à septembre 2022, l’Union européenne a importé 68 % de plus de GNL.
Le problème de notre GNL, c’est qu’il provient pour une bonne part… de Russie ! Les importations de GNL russe en Europe ont augmenté de 46 % entre janvier et septembre 2022 par rapport à la même période en 2021
Et l’autre part du GNL provient de gaz de schiste américain, source comme on le sait d’une bien plus importante pollution. Nous nageons donc à la fois dans deux absurdités : stratégique et environnementale.
Pire, l’Europe s’est lancée dans la construction de nouvelles infrastructures, navires et terminaux maritimes, pour recevoir ce GNL. Pour les rentabiliser, il faudra les utiliser pendant 10 ou 20 ans. Nous risquons donc de ne pas pouvoir facilement nous débarrasser de notre dépendance aux importations de gaz, qui plus est venant de régimes autoritaires, comme l’Azerbaïdjan ou le Qatar.
Infrastructures d’énergies renouvelables, plutôt que fossiles
Plutôt que ces infrastructures coûteuses, et qui nous mènent à de nouvelles dépendances, à l’opposé de la souveraineté énergétique affichée, pourquoi ne pas investir dans d’autres sources d’approvisionnement, telles que le solaire, l’éolien ou le biométhane ?
Dans ce dernier domaine, Engie est la société la plus ambitieuse. Elle vient de signer un contrat de 10 ans avec Arkema, pour fournir 3 TWh de biogaz dans la prochaine décennie.
Engie est à la fois producteur et fournisseur de biogaz. La société possède déjà 20 méthaniseurs en France. Mais pour ce contrat avec Arkema, elle va également distribuer la production d’autres méthaniseurs, en particulier de 17 méthaniseurs, proches des lieux de production d’Arkema. Le premier avantage du biogaz, c’est qu’il s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire, en rapprochant lieux de production et de consommation. Le deuxième avantage est bien sûr son impact carbone réduit : 44 grammes de CO2 par KWh, contre 227g pour le gaz naturel.*
* source : Carbone 4