Reforester, mais pas n’importe comment
Les forêts, à l’échelle planétaire, sont en danger. Elles disparaissent à un rythme effréné, 10 millions d’hectares chaque année. Qu’en est-il en France ? On a coutume de dire que le couvert forestier a augmenté (+10 % entre 1990 et 2012) et représente près de 30 % du territoire français (une surface doublée par rapport au milieu du XIXe siècle). Mais il faut remarquer qu’une bonne partie de ces couverts supplémentaires n’ont de forêt que le nom. Pour le dire clairement, ce sont des champs d’arbres, plantés en monoculture, alignés pour optimiser la pousse et la coupe, équiens (tous les arbres du même âge), et gérés dans une optique exclusivement économique. Et, comme les surfaces de l’agriculture intensive, ils appauvrissent les sols qu’ils occupent.
Les incendies de l’été dernier dans le Var, au nord-est de Toulon, où ont brûlé plus de 7100 hectares, ont été qualifiés de catastrophe écologique. Mais la catastrophe écologique était cette forêt elle-même, avec ses alignements de pins plantés sans le moindre souci de biodiversité ou de résilience, qui ont favorisé les engouffrements des vents et la rapide propagation des flammes.
Planter des arbres ne suffit pas
C’est pourquoi « planter des arbres » ne suffit pas. Et encore moins s’il s’agit de dégager des crédits carbone pour verdir ses activités polluantes.
C’est dans cette optique qu’agit l’entreprise Reforest’action, qui propose aux entreprises de financer des projets de restauration complète d’écosystèmes.
Selon son président, Stéphane Allaire, l’entreprise a défini « un Socle Commun de Multifonctionnalité, qui vise à garantir le développement de services écosystémiques et les capacités de résistance, d’adaptation et de résilience aux dérèglements environnementaux (sécheresse, attaque d’insectes…) des forêts. »
Entrent en ligne de compte « la diversité des essences plantées, le maintien et la création d’habitats servant à la faune et à la flore locales, et la préservation du carbone stocké dans le sols. »
On le voit dans cette phrase : aussi paradoxal que cela puisse paraître, et même si c’est lui qui a donné l’impulsion, le carbone n’est pas, et ne peut être, la première de nos préoccupations. La réduction du CO2 n’est que le résultat d’un processus global complexe, tout sauf simple et direct. Plutôt circulaire et multidimensionnel.
Un processus sans doute moins lisible, moins « communicationnel ». Les entreprises ont encore ici des efforts à fournir pour retrouver le sens du durable.